Bonnes pratiques, Pour débuter

Résidus et sécurité des aliments (1)

29 avril 2011

Au préalable
Quand un producteur utilise un produit de protection phytosanitaire, il peut subsister des « résidus » de ce traitement. Des normes s’appuyant sur des études scientifiques, et en fonction des bonnes pratiques agronomiques, sont fixées par la loi pour assurer la protection des consommateurs :
La DJA (Dose Journalière Acceptable) représente la quantité d’une substance qu’un individu pourrait ingérer quotidiennement sans risque pour la santé.
La LMR (Limite Maximum de Résidus) est la concentration maximale de résidus de pesticide légalement tolérée dans ou sur des denrées alimentaires ou des aliments pour animaux.

Que sont la DJA et la LMR ?

La DJA de chaque substance chimique est fixée à un taux 100 à 1000 fois inférieur à la « Dose sans effet », la limite en dessous de laquelle aucun effet et aucune maladie n’a été constaté lors de l’ensemble des tests (même à long terme sur l’animal d’expérience le plus fragile). Un facteur de précaution est appliqué pour déterminer la quantité d’une substance qu’un individu moyen de 60 kg peut théoriquement ingérer quotidiennement (tout au long de sa vie), sans risque appréciable pour la santé.  C’est une limite dite « toxicologique », c’est-à-dire de sécurité des aliments.

Contrairement à une idée reçue, les LMR ne sont pas une limite de sécurité sanitaire des aliments !
La LMR est une limite réglementaire et est un indice qu’il y a bien eu respect des bonnes pratiques agronomiques, et ce,  dans le « pire des cas » : traitement pour faire face à des attaques parasitaires importantes et tardives, etc.  En moyenne, les résidus trouvés dans les aliments sont donc inférieurs à la LMR.
Les LMR sont « plafonnées » par la DJA.
De plus, elles tiennent comptent des habitudes alimentaires des consommateurs, des spécificités des enfants, femmes enceintes…

Même si tous nos aliments étaient à la LMR (ce qui n’est pas le cas, voir plus haut), nous serions exposés à une  dose inférieure à la DJA, et même quelquefois très inférieure (par exemple 100 fois moins).

Les analyses sont de plus en plus performantes. Malgré des niveaux de résidus en baisse constante depuis de nombreuses années, des résidus sont donc de plus en plus souvent détectables dans les aliments. Un rapport de la DG SANCO (Direction générale de la santé et de la protection du consommateur de l’UE) daté de juillet 2010 présente que, sur plus de 72 000 échantillons analysés en 2008 :

96,5% des échantillons analysés sont conformes aux limites maximales de résidus (LMR) de pesticides autorisés dans les produits alimentaires dans l’UE.

• 3,5% de l’ensemble des échantillons analysés dépassent les limites maximales de résidus (contre 4,2% l’année précédente).

Ces chiffres encourageants confirment que la mobilisation de toute la filière (agriculteurs, conseillers techniques, distributeurs, fournisseurs), pour le respect des bonnes pratiques, conduit à des résultats réels et en constante progression.

Compte tenu des facteurs de sécurité appliqués, ces dépassements ne présentent pas de risques pour les consommateurs car il s’agit du seuil réglementaire, non de la limite de sécurité.

ForumPhyto et ses partenaires contribuent à faire connaître les bonnes pratiques de cultures agricoles pour sensibiliser les utilisateurs de produits phytosanitaires à leur bon usage (appliquer le bon produit, à la bonne dose et au bon moment), pour éviter de dépasser les LMR.

 

Les difficultés liées aux idées reçues

Sous pression des courants environnementalistes, certains distributeurs alimentaires demandent, sans justification particulière, l’application de fraction de LMR.

Cette demande est abusive : réglementairement, les LMR ne sont pas des limites de sécurité des aliments. Du point de vue de la sécurité des aliments, une telle demande est contre-productive.
Il reste que ce genre de demande relève du « droit privé ». Il est quasiment impossible de faire intervenir les autorités sur ce sujet, bien que de telles exigences soient la conséquence d’un abus de position dominante.

ForumPhyto informe les acteurs concernés afin que le débat sur les LMR soit mené en tenant compte de critères scientifiques, et non pas émotionnels.

L’essentiel
La règlementation et les tests validés par la Commission Européenne fixent des normes calculées avec marges de sécurité très importantes, en tenant compte des modes d’alimentation des consommateurs, pour supprimer les risques pour leur santé.
Beaucoup d’idées reçues sont à l’origine d’aberrations notamment en priorité de recherches, de tests et d’exigences des distributeurs. Les professionnels de l’agriculture sont depuis longtemps mobilisés pour former les agriculteurs aux bonnes pratiques de culture.

 

Pour aller plus loin : Résidus et sécurité des aliments (2) et Les idées reçues : la tasse de café